L’artiste ne répète pas, il dialogue. Solitaire, comme tous les chercheurs, il sait mieux que personne nous affranchir, abolir les frontières et ouvrir des mondes. Il pratique une autre pliure en réponse à la séquelle. Il borde une lacune, inscrit un losange dans la géographie aléatoire des auréoles, transforme les traces d’un arrachement en la vibration d’un paysage apparaissant. Simplicité splendide, forte, solennelle. Mystique.
David Sendrez
L’architecture de la chapelle se différencie nettement de tout le bâtiment: pas de lumière du jour et en forme d’ellipse, elle invite à l’intériorité, au recueillement. L’autel représente pour la liturgie le centre de l’espace chrétien, l’épicentre. IL est la table où Dieu et la communauté des fidèles se partagent les aliments en signe de communion. Quartzite vieille de 245 millions d’années, cette pierre provient de la carrière de Saint-Léonard en Valais. On distingue sur les faces de la sculpture les marques causées par deux types de sciage : le sciage à câble diamanté mobile et le sciage à câble fixe. Sur la première face que l’on découvre en entrant, on lit un demi-cœur, déchirure causée par arrachement lors d’un sciage à un fil mobile. Cet incident inscrit dans la matière est à l’origine de l’intuition artistique : l’eucharistie est le cœur de l’Église.
Les œuvres de Fournier peintures ou dessins sont lumineux, abstraits, colorées, géométriques, vibrants… Somptueux, alors même que tout tient à peu de choses, jusque dans la toile collée sur des planches de bois, les cadres aux baguettes badigeonnées et aux clous sans tête qui tiennent les vitres, en parfait équilibre. Si le mot n’était pas galvaudé il faudrait parler de poésie plastique, d’essentiel sans artifice. Claude-Hubert Tatot
4 échelons élèvent l’âme jusqu’au ciel ; lectio, meditatio, oratio, contemplatio.
J’intégrais les 4 échelons de Guigues dans l’œuvre in situ, symbolisant la lecture par la couleur rouge, la méditation par le jaune, la prière par le vert et la contemplation par le bleu. Dès lors, ce nouveau thème de l’échelle du paradis, du latin scala claustralium, inspire mes créations.
L’idée majeur est de permettre aux passants de rejoindre visuellement l’immensité du ciel à travers les vignes par une ligne bleu-claire. Cette ligne est formée des 185 contremarches peintes en différents bleus. Comme l’escalier grimpe fortement jusqu’au sommet de la colline, les peintures semblent s’ajouter l’une à l’autre en dessinant un ruban bleu à travers les vignes.
L’œuvre de Vincent Fournier explore la transparence de la peinture et du papier, qui acquièrent ainsi une valeur symbolique. Ses œuvres picturales, entre figuration et abstraction, sont à la frontière du visible et révèlent l’invisible. Les traces ainsi laissées sont des témoignages d’une expérience spirituelle nourrie de la mystique chrétienne. David Sébastien Sendrez
« Le peintre emplit son cœur de la vie du monde pour la laisser se répandre sur le papier en un jaillissement inspiré. L’œuvre marque les étapes d’une recherche, c’est le carnet d’un explorateur, les notes d’un expérimentateur. » Philippe Sers
Sa peinture prend corps autour d’un récit aux multiples lectures. On tend l’oreille car tout ici murmure; le vocabulaire est minimal, sensible, le geste simple et juste, les matériaux survivants. On y croise des thèmes et des symboles tels le nuage d’inconnaissance et ses mystères, le suaire plié et déplié porteur de traces, les axes de la croix, le coeur de Marie, toutes images attendues ou surgies, trouvées parfois, revisitées d’un sens nouveau porté par une présence.
Riche de son extrême dépouillement, cette abstraction hors du temps inscrit verticalité et horizontalité, vide, centre et symétrie dans un monde silencieux, à la fois intime et tourné vers le ciel. La légèreté de la trace peinte, l’attention aux transparences et aux apparitions, la pauvreté des matériaux et l’usage symbolique des couleurs agissent comme des baumes de modestie. Constance, passion et humilité soutiennent ces inépuisables questionnements qui disent la ferveur de celui qui travaille à l’union de la forme et de l’esprit, selon son coeur. Marie-Fabienne Aymon
C’est un bloc brut de quartzite et de calcaire vieux de 245 millions d’années, scié dans sa tranche et ouvert en deux selon la technique dite à livre ouvert, les pans placés côte à côte comme les deux côtés d’un livre, une symétrie parfaite dans son imperfection. Trois tonnes et cinq mètres de long, toute en puissance minérale, la sculpture repose à l’horizontale sur des traverses de chêne brûlé et huilé, flottant ainsi à 10 cm du sol.
Die Suche nach der Essenz in der Kargheit der Materialität ist eine Ausdrucksweise für spezifische Spannungen, die im Werk von Vincent Fournier auf Ausgleich hin tendieren. Auf eine eigene Form von Harmonie im Gegensatz. Diese Harmonie entwickelt er in einfachen Linienführungen durch den horizontalen Bildraum oder mit der Betonung der Eckzonen in vertikalen Formaten. Die Räumlichkeit in seiner Arbeit wird zudem in ikonostasenhafter Anordnung von Bildserien über ganze Wandflächen verstärkt.
À la galerie Skopia pour l’exposition collective « a part of it » j’ai installé une paroi formée de 23 images.
Cette paroi porte le titre d’Ex-voto car elle rappelle le mur de certaines églises recouvert de message de remerciements que l’on nomme ex-voto. Cette manière de montrer les œuvres crée des rapports de composition tout en faisant voir les divers matériaux utilisés. Elle révèle surtout l’unité de l’inspiration : la mystique chrétienne. Les titres des œuvres disent cette inspiration : Cène, nuage d’inconnaissance, vision de sainte Julienne, vision de saint Nicolas de Flüe, immaculée conception, indulgence, annonciation… Une peinture et une sculpture font face à cette paroi. La peinture symbolise le Sacré Cœur et le récipient placé sur une haute sellette créent une unité visuelle rappelant l’eucharistie, thème centrale de la paroi ex-voto.
« Car Vincent Fournier est peintre et travaille la matière, mais il parle de contemplation. Il en parle tout le temps et partout à travers quelques thèmes; la dualité sous différentes formes, l’empreinte ou veronica, la kénose – notion théologique de l’humilité de Dieu – le Nuage d’inconnaissance d’après le texte d’un mystique anonyme du XIIIè siècle, nuage entre Dieu et soi qu’il faut frapper avec les mots, ou encore le Nuage de l’oubli, à mettre entre le monde et soi. »
«Il y a un peu plus d’une année, Vincent Fournier installait ses peintures à Sion, au jardin du couvent des Capucins, dans la Maison des Évolénards délaissée depuis des décennies. Vidée, balayée et aérée, la bâtisse aux petites chambres fanées et aux murs lépreux devenait le lieu d’une exposition bouleversante, de celles qu’on n’oublie pas tant les images, l’espace et le peintre lui-même se confondaient dans un instant d’une justesse totale. Ceux qui ont vu en 2005 l’installation que Vincent Fournier présentait à l’ancienne Fabrique de drap à Sion en ont gardé un souvenir comparable.» Marie-Fabienne Aymon
La ville de Sion propose à Vincent Fournier une intervention artistique dans l’enceinte de l’extension du cimetière de Bramois, village de la commune de Sion.
Pour symboliser la résurrection, l’artiste choisit de prendre un caillou de grande taille dans la carrière de St-Léonard et de le scier en deux, puis de dresser les deux moitiés le long du mur d’enceinte nouvellement construit.
Après sciage, le bloc découvre une veine blanche magnifique.
La sculpture « spes unica » répond à la croix douloureuse de l’ancien cimetière.Une petite croix de laiton brute dessinée par l’artiste accompagne le monument et signale le lieu du dernier adieu.
L’ancienne fabrique de drap vidée de toutes ses machines était un lieu d’une grande beauté. La façade sud, toute vitrée et l’arrondi de la paroi orientale font penser à un bateau ou à la nef d’une église contemporaine : 55m de long x 15m de large.