L’autel, l’ambon, le tabernacle, la veilleuse et le chemin de croix de la chapelle du collège des Creusets – 2022

 

L’autel

L’architecture de la chapelle se différencie nettement de tout le bâtiment : pas de lumière du jour et en forme d’ellipse, elle invite à l’intériorité, au recueillement.

L’autel représente pour la liturgie le centre de l’espace chrétien, l’épicentre. IL est la table où Dieu et la communauté des fidèles se partagent les aliments en signe de communion. Quartzite vieille de 245 millions d’années, cette pierre provient de la carrière de Saint-Léonard en Valais. On distingue sur les faces de la sculpture les marques causées par deux types de sciage : le sciage à câble diamanté mobile et le sciage à câble fixe. Sur la première face que l’on découvre en entrant, on lit un demi-cœur, déchirure causée par arrachement lors d’un sciage à un fil mobile. Cet incident inscrit dans la matière est à l’origine de l’intuition artistique : l’eucharistie est le cœur de lÉglise. La surface supérieure de l’autel, découpée par un fil fixe a été brossée à la main. Lisse au toucher, elle accueille dignement le pain et le vin qui deviendront corps et sang du Christ. La face arrière de l’autel est remarquable : le sciage y a laissé une profonde cicatrice, telle la blessure du fer de lance transperçant la poitrine du Christ. Incident non programmé, il confirme l’intention artistique : l’autel est le cœur de la chapelle. Deux tiges de fer consolident la sculpture fragilisée par une fissure. Des trous de perçage indiquent leur position.L’autel repose sur un socle de béton s’appuyant sur un mur porteur du bâtiment. Tout converge maintenant vers cet autel qui semble flotter sur le sol malgré son poids de 2 tonnes. La sculpture signifie un autel source, tout rayonnant de l’invisible Présence. Il suggère un point de jonction entre Dieu et le monde. De l’image du demi-cœur arraché rayonnent maintenant des ondes elliptiques incarnées par les traces de sciage. Elles évoquent l’architecture du lieu.

 

Un ambon pliable en bois de noyer accueille le lectionnaire. C’est le lieu de la Parole partagée.

L’ambon est recouvert d’anciens voiles de calice colorés évoquant les couleurs des temps liturgiques : Le violet pour l’avent et le temps de carême, le blanc pour les fêtes de Noël, de Pâques et la fêtes des saints, le rouge pour la Pentecôte et la fête des martyrs, le vert pour le temps ordinaire et le rose pour deux dimanches particuliers gaudete et laetare, 3ème dimanche de l’avent et 4ème dimanche de carême.

 

Le tabernacle inséré dans le mur est en noyer également. La double porte laisse apparaître une ligne verticale lumineuse.

Elle symbolise la résurrection, trace claire formée par l’aubier de la planche. L’intérieur du tabernacle est recouvert de lin fin peint en bleu ciel, couleur de l’azur, symbole de l’infini. Le choix du lin est volontaire : c’est le tissu du suaire dans lequel le Christ a été déposé et qui garde la trace de la résurrection.

 

Une veilleuse de verre soufflé par l’artiste Thomas Blank reçoit l’huile végétale et la mèche flottante. Elle signifie la présence du Christ dans la réserve eucharistique ou tabernacle. Flamme fragile, elle demande soin et attention. Elle est l’image même de la vie intérieure de chacun. Elle repose sur un socle de pierre provenant du sciage de l’autel.

 

Deux icones et un chemin de croix habillent momentanément les murs de la chapelle. Une icône représentant le Christ entrant à Jérusalem accueille le visiteur. Les 15 stations silencieuses et méditatives suivent la dévotion.

Deux d’entre elles sont encadrées : la 6ème station : Véronique essuie le visage de Jésus et la 12ème station, le coup de lance.

Cette station illustre le cœur transpercé de Jésus, l’intuition première de l’autel devenu le cœur de la chapelle.

 

Derrière l’autel l’espace est vide pour laisser priorité à la célébration de l’eucharistie.

Une icône de Marie avec l’enfant Jésus est intercalée parmi les dernières stations: elle se trouve après la 13ème.

Comme Marie a accueilli l’enfant Jésus, elle reçoit son corps à la descente de la croix.

 

Le chemin de croix finit sur une ouverture lumineuse : la résurrection.

                                                                                                           

Vincent Fournier