Vincent Fournier – Fabrique de draps
Vincent Fournier – Fabrique de draps
Vincent Fournier – Fabrique de draps
Vincent Fournier – chemin de croix
Vincent Fournier – chemin de croix
Vincent Fournier – chemin de croix
Vincent Fournier – chemin de croix

Fabrique de draps, Sion

 

L’ancienne fabrique de drap vidée de toutes ses machines était un lieu d’une grande beauté.

 

La façade sud, toute vitrée et l’arrondi de la paroi orientale font penser à un bateau ou à la nef d’une église contemporaine : 55m de long x 15m de large.

 

Le directeur de la fabrique, Mr Imsand, m’autorisa à occuper ce site majestueux. Sur la paroi nord j’installais un chemin de croix réalisé une dizaine d’années plus tôt sur des feuilles de papier blanc ivoire que m’avais généreusement donné la responsable de la Fondation Antonio Calderara, peintre italien dont l’œuvre m’intéresse beaucoup.

 

Le chemin de croix montre une progression arithmétique et géométrique de petits segments verticaux bruns. Ils se répartissent de part et d’autre du pli central de la feuille. C’est un décompte des quatorze stations. La première feuille accueille un trait vertical du côté gauche du pli, la deuxième station deux traits verticaux dont l’axe est le pli de la feuille. Nous cheminons ainsi lentement et silencieusement de station en station avec chaque fois un trait de plus jusqu’à la quatorzième station faite de 7 traits verticaux de part et d’autre du pli médian. Ce pli central est très important : c’est l’axe de la composition de chaque station.

 

Il crée une relation entre le bas et le haut de la feuille car il traverse celle-ci. Les bâtonnets sont tracés avec de la sanguine diluée à l’eau et une plume à bec. Ils créent une tension visuelle d’ombre et de lumière avec le blanc papier et le pli médian.

 

Deux objets trouvés en forme de T rythment le chemin de croix. La première symbolise les trois chutes, la deuxième le lieu et le moment de la crucifixion. Ces deux objets en fer oxydé pèsent sur le sol alors que les stations profitent de la lumière du papier pour exprimer la grâce. Le chemin de croix est pesanteur et grâce car il débouche sur la résurrection.

 

Le pli central de toute les feuilles symbolise justement la résurrection : Elle seule traverse la feuille de haut en bas.

 

Au bout du chemin de croix, par terre, une grande tache gris clair attira mon attention. Ses dimensions étaient pratiquement celle du suaire de Turin. Je traçais à l’aide d’une mine de plomb les dimensions exactes du suaire (440×110) sur le ciment gris clair et y déposais un rouleau de lin blanc. Le sol de cet endroit devient ainsi le lieu de la déposition et le tissu déposé symbolise la résurrection car il rappelle le suaire de Turin :« Proche du lieu où il avait été crucifié, il y avait un jardin, et dans ce jardin un tombeau neuf dans lequel personne n’avait été mis. » Jean 19 : 40-42

 

Occupant l’espace central, une immense table de 2,20m x 33m est construite pour l’occasion. Elle reçoit un drap blanc d’une pièce. C’est l’invitation à un banquet, le rappel de la Cène du jeudi saint. Le drap léger bouge au passage des visiteurs et joue avec la lumière généreuse que permet l’immense espace vitré du côté sud. Sur les rebords des fenêtres sont déposés quelques dessins et  peintures en lien avec l’architecture du lieu et la thématique de l’exposition :  la cène, le chemin de la croix et la résurrection.

 

© Jean Claude Roh, reproductions autorisées uniquement pour site Internet de Vincent Fournier.